Il a baissé
les bras, moi pas. C’est mon rôle de ne pas baisser les bras, de les garder
forts, serrés autours de lui. Pour le protéger des autres, le protéger de lui
aussi.
Tomber
encore, se relever toujours
Il s’est
relevé. Il a recommencé à rire et à danser. Doucement, prudemment. Il se plaint
encore un peu, pour la forme, pas perdre l’habitude. Mais il ne pleure plus.
Tomber
encore, se relever toujours
Pour les
soins il faut l’apprivoiser, et recommencer. Lui demander si on peut, et puis
recommencer. Lui expliquer ce qu’on allait faire, et puis recommencer.
S’assurer qu’il comprenait, qu’il adhérait, qu’il coopérerait et puis le
lendemain… recommencer
Tomber
encore, se relever toujours
On s’est organisé
autrement, on s’est recentré sur nous. On n’a
écouté personne. On a éteint la télé. On a mis la musique. On a supprimé les
mots, les paroles. On a écouté nos instincts, la parole des corps.
Tomber
encore, se relever toujours
On a
traversé cette crise, comme les précédentes, comme les suivantes. Magellan a
passé son cap sans boussole, sans instrument, à l’instinct, sa rage de vivre
chevillée au corps, tendu, à l’écoute, à son écoute. Je savais que la colère
serait mon moteur, je ne savais pas que ce serait aussi le sien.
Tomber
encore, se relever toujours
C’est le
calme après la tempête. Le calme au milieu du chaos. Les ruines sont encore
fumantes, on avance doucement. Il va
falloir réparer ce qui peut l’être encore, jeter le reste sans états d’âme et
rebâtir encore, plus solide, plus fort
Tomber
encore, se relever toujours
On a pansé
nos plaies, on attend qu’elles se referment. C’est le repos des guerriers. Les
corps sont endoloris, il nous faut les ménager. La vie n’est pas un long fleuve
tranquille en Hortensie, on vient de traverser les rapides, l’arrivée en eaux
plus calmes est la bienvenue. Je ne peux éviter les chutes, juste éviter qu’elles
ne fassent trop mal.
Se relever
encore et toujours parce qu’il n’y a que ça à faire, parce que c’est trop froid
par terre. Se relever et y croire encore, parce qu’aujourd’hui il fait beau,
parce que les oiseaux chantent, parce que c’est un jour pair, parce que le
facteur avait des chaussettes bleues ou parce que le chat n’a pas passé sa
patte derrière l’oreille. Se relever toujours parce que quand on veut y croire
on s’attache à n’importe quel signe.
Se relever
jusqu’à la prochaine tempête, jusqu’au prochain ouragan, celui qui nous fera
dire que cette fois ci, on n’en peut plus, que ce sera le dernier, qu’on ne s’en
relèvera pas… et puis on s’en relèvera, encore une fois parce qu’il n’y a que
ça à faire, parce que c'est la vie et que décidément c’est trop froid par terre…
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