J’ai commencé la journée comme ça, par un tweet.
Réveillée toutes les 1h20, soit 80 petites minutes, la sale nuit quoi...
Il est assis sur le canapé et se plaint en boucle :
- J’ai
froid
Avec le temps j’ai compris que le « J’ai froid » est un
terme générique mis pour toute sensation désagréable. Faim, soif, douleur,
anxiété, peur du rien, ce temps mort où rien ne se passe pour lui et que je
tente de meubler comme je peux. Il se plaint et je ne sais pas pourquoi. Je ne
sais pas ce qu’il a et c’est déroutant. Je l’aide à enfiler un gilet: froid -->, c’est bon.
Direction la cuisine. Le café au lait, le porridge au micro-onde: faim et soif -->
en cours. Je donne à manger aux chats
avant qu’ils ne réclament. Splouch… Je viens de voir le gilet sortir du salon,
sans mon bonhomme dedans. Ok, il n’a pas froid. J’aurais
essayé. De toute façon, depuis près d’un mois, je participe dangereusement au
réchauffement climatique en laissant le chauffage allumé. Je ne devrais pas, je
sais, mais il ne supporte plus un vêtement sur le dos et se balade torse nu.
Alors on chauffe encore…
Bon, il a bu son café, je lui donne son porridge. Je parle
peu. Pas le saouler avec trop de mots. Des phrases courtes, des ordres simples
à voix basse. Zéro réflexion sur son agitation ni sur sa mauvaise humeur.
Musique, ce matin. Pas de télé, pas de blablas, service public, pas de pubs.
- J’ai froid
Ok c’était pas la soif ni la faim…
Reste la douleur. Je l’observe dix secondes. Il a l’air de se toucher le front.
Je ne risque rien à lui donner un Paracétamol. Le comprimé fond dans le verre d’eau,
il s’impatiente et tente d’attraper le verre. J’arrête son geste : « Tu
attends, le cachet n’est pas fondu » Il s’impatiente bis. On ne va pas
risquer le ter. Je cache le verre jusqu’à complète dissolution. C’est pratique,
cachez l’objet du délit = supprimez le délit.
- J’ai froid
Plaintif. Bon sang, MAIS QU’EST-CE
QU’IL A ????? Je ressors le verre, il le boit d’un trait sans respirer. L’effervescent
lui fait lâcher un rot sonore qui le satisfait pleinement. On ne le dit pas
assez, mais les aidants ont l’estomac bien accroché !
- J’ai froid
Il s’agace que je ne réponde pas
favorablement à sa supplique. Il a déjà oublié que ça fait une demi-heure que
je suis sur les dents à essayer de comprendre ce qu’il a et d’y remédier
au plus vite. Le Paracétamol, quoiqu’effervescent ne va pas agir immédiatement
et c’est bien dommage. Je disparais dans la cuisine. Là aussi je cache l’objet
du délit : moi. Je me doute bien que de me voir là, à côté de lui,
indifférente à sa souffrance doit le frustrer grandement, sans compter que je
ne sais toujours pas ce qu’il a. Il se lève, passe en trombe devant la cuisine,
direction la chambre, puis revient. Et repart. Et revient. Je bois mon nième
café. Au cinquième passage je le stoppe dans sa lancée. « Va aux toilettes , je te refais
le lit et tu m’attends » Le but étant qu’il y reste assis le plus
longtemps possible. Il s’assoit, se relève aussitôt, râle, peste et ressort.
Ok c’était bien tenté…
Il repart, salon, canapé.
- J’ai froid
Le contact du canapé sur sa peau
nue le saisit. Agacement level 5. Je le sens proche du pêtage de durite.
Toilettes essai numéro deux. Je l’y conduis et le laisse se
débrouiller seul. Il y reste assez longtemps pour faire ce qu’il a à y faire, c’est
gagné !!!
Il revient dans le salon et entame une danse, des bras, des
jambes, des épaules. La musique l’entraine et moi je rigole. Là à cette minute j’ai pleinement conscience du ridicule de
la situation. Mon homme nu comme un vers qui danse à huit heures du matin au
beau milieu du salon, qui claque des doigts et me fait rire. N’empêche, arriver
encore à faire rire sa compagne après 15 ans de vie commune, il est fort mon
gars !!!
Il s’est assis mais continue de danser, se contorsionne et
bat la mesure avec le pied. 30 ans de guitare ça laisse des traces.
Je le laisse finir sa danse et lui propose un passage sous
la couette. S’il pouvait se rendormir, ne serait-ce qu’une petite heure,
histoire de trouver le temps un peu moins long… il accepte sans difficultés et s’endort
instantanément.
Je me suis resservi un café, me suis assise à mon bureau et
j’ai commencé à écrire. Avec tout ça, je n’ai pas eu le temps de m’habiller, je
suis encore en tee-shirt et vous savez quoi ?
J’AI FROID !!!!
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