26 octobre 2014

Hortense et les lapins





        L’hiver dernier, je regardais les multiples reportages relatant les dégâts de l’érosion sur nos côtes. Rien ni personne ne sera plus fort que la mer quand les nuits de tempête elle grignote des bouts de terre. Parfois même, à l’occasion de forts coefficients, ce sont des pans entiers de terrains qui sont engloutis, emportant maisons et constructions que l’humain, dans un excès d’optimisme avait eu l’audace de poser là.

    Chez Majesté, c’est pareil. Par périodes, ce sont des pans entiers qui s’effondrent, engloutissant ce que j’avais patiemment retricoté dans un excès d’audace et d’optimisme. Hortense est gourmande. Parfois elle grignote gentiment mais parfois elle dévore à grandes bouchées voraces. Aucune digue ne saurait contenir son insatiable appétit. Alors, inlassablement je reconstruis plus loin, plus solide, jusqu’à la prochaine tempête. Quelques petits mots, un geste ou deux. C’est un combat perdu d’avance et j’en suis consciente mais ces petits mots sont autant d’amarres qui le rattachent à l’humain qu’il est encore.

    Maintenir à tout prix les visites des amis et de la famille, l’aide à rester l’être sociable qu’il a toujours été, c’est amusant comme Hortense se fait discrète en présence d’invités. Et puis cela nous permet d’anticiper sur ces visites. Se remémorer qui vient, regarder des photos pour faire le lien entre un prénom et un visage, remettre du sens sur tout cela, préparer un gâteau, insister sur le fait qu’il doit rester habillé, lui demander de faire cet effort, pour la personne qui va venir. Apprendre, réapprendre à se contenir, anticiper sur ce plaisir de revoir cet ami, perdu de vue depuis de longs mois, tout cela peut nous occuper quelques heures et éloigne Hortense, elle qui n’aime pas les visites.