L’hiver
dernier, je regardais les multiples reportages relatant les dégâts de l’érosion
sur nos côtes. Rien ni personne ne sera plus fort que la mer quand les nuits de
tempête elle grignote des bouts de terre. Parfois même, à l’occasion de forts
coefficients, ce sont des pans entiers de terrains qui sont engloutis, emportant
maisons et constructions que l’humain, dans un excès d’optimisme avait eu l’audace
de poser là.
Chez
Majesté, c’est pareil. Par périodes, ce sont des pans entiers qui s’effondrent,
engloutissant ce que j’avais patiemment retricoté dans un excès d’audace et d’optimisme.
Hortense est gourmande. Parfois elle grignote gentiment mais parfois elle
dévore à grandes bouchées voraces. Aucune digue ne saurait contenir son
insatiable appétit. Alors, inlassablement je reconstruis plus loin, plus
solide, jusqu’à la prochaine tempête. Quelques petits mots, un geste ou deux. C’est
un combat perdu d’avance et j’en suis consciente mais ces petits mots sont
autant d’amarres qui le rattachent à l’humain qu’il est encore.
Maintenir à tout prix les visites des amis et de la
famille, l’aide à rester l’être sociable qu’il a toujours été, c’est amusant
comme Hortense se fait discrète en présence d’invités. Et puis cela nous permet
d’anticiper sur ces visites. Se remémorer qui vient, regarder des photos pour
faire le lien entre un prénom et un visage, remettre du sens sur tout cela,
préparer un gâteau, insister sur le fait qu’il doit rester habillé, lui demander
de faire cet effort, pour la personne qui va venir. Apprendre, réapprendre à se
contenir, anticiper sur ce plaisir de revoir cet ami, perdu de vue depuis de
longs mois, tout cela peut nous occuper quelques heures et éloigne Hortense,
elle qui n’aime pas les visites.