8 avril 2015

J'ai froid!!!

       « Ha mais la sale nuit !!! 3ème café, 2ème clope avant 7h… Dis, tu la sens la mauvaise journée? »  
    J’ai commencé la journée comme ça, par un tweet.

    Réveillée toutes les 1h20, soit 80 petites minutes, la sale nuit quoi...

    Il est assis sur le canapé et se plaint en boucle :
      - J’ai froid 
    Avec le temps j’ai compris que le « J’ai froid » est un terme générique mis pour toute sensation désagréable. Faim, soif, douleur, anxiété, peur du rien, ce temps mort où rien ne se passe pour lui et que je tente de meubler comme je peux. Il se plaint et je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce qu’il a et c’est déroutant. Je l’aide à enfiler un gilet: froid -->, c’est bon. Direction la cuisine. Le café au lait, le porridge au micro-onde:  faim et soif --> en cours.  Je donne à manger aux chats avant qu’ils ne réclament. Splouch… Je viens de voir le gilet sortir du salon, sans mon bonhomme dedans. Ok, il n’a pas froid. J’aurais essayé. De toute façon, depuis près d’un mois, je participe dangereusement au réchauffement climatique en laissant le chauffage allumé. Je ne devrais pas, je sais, mais il ne supporte plus un vêtement sur le dos et se balade torse nu. Alors on chauffe encore…



   Bon, il a bu son café, je lui donne son porridge. Je parle peu. Pas le saouler avec trop de mots. Des phrases courtes, des ordres simples à voix basse. Zéro réflexion sur son agitation ni sur sa mauvaise humeur. Musique, ce matin. Pas de télé, pas de blablas, service public, pas de pubs.


      - J’ai froid 
   Ok c’était pas la soif ni la faim… Reste la douleur. Je l’observe dix secondes. Il a l’air de se toucher le front. Je ne risque rien à lui donner un Paracétamol. Le comprimé fond dans le verre d’eau, il s’impatiente et tente d’attraper le verre. J’arrête son geste :  « Tu attends, le cachet n’est pas fondu » Il s’impatiente bis. On ne va pas risquer le ter. Je cache le verre jusqu’à complète dissolution. C’est pratique, cachez l’objet du délit = supprimez le délit.

      - J’ai froid 
   Plaintif. Bon sang, MAIS QU’EST-CE QU’IL A ????? Je ressors le verre, il le boit d’un trait sans respirer. L’effervescent lui fait lâcher un rot sonore qui le satisfait pleinement. On ne le dit pas assez, mais les aidants ont l’estomac bien accroché !

      - J’ai froid 
   Il s’agace que je ne réponde pas favorablement à sa supplique. Il a déjà oublié que ça fait une demi-heure que je suis sur les dents à essayer de comprendre ce qu’il a et d’y remédier au plus vite. Le Paracétamol, quoiqu’effervescent ne va pas agir immédiatement et c’est bien dommage. Je disparais dans la cuisine. Là aussi je cache l’objet du délit : moi. Je me doute bien que de me voir là, à côté de lui, indifférente à sa souffrance doit le frustrer grandement, sans compter que je ne sais toujours pas ce qu’il a. Il se lève, passe en trombe devant la cuisine, direction la chambre, puis revient. Et repart. Et revient. Je bois mon nième café. Au cinquième passage je le stoppe dans sa lancée.  « Va aux toilettes , je te refais le lit et tu m’attends » Le but étant qu’il y reste assis le plus longtemps possible. Il s’assoit, se relève aussitôt, râle, peste et ressort.

Ok c’était bien tenté…

Il repart, salon, canapé.

      - J’ai froid 
   Le contact du canapé sur sa peau nue le saisit. Agacement level 5. Je le sens proche du pêtage de durite.

   Toilettes essai numéro deux. Je l’y conduis et le laisse se débrouiller seul. Il y reste assez longtemps pour faire ce qu’il a à y faire, c’est gagné !!!

   Il revient dans le salon et entame une danse, des bras, des jambes, des épaules. La musique l’entraine et moi je rigole. Là à cette minute j’ai pleinement conscience du ridicule de la situation. Mon homme nu comme un vers qui danse à huit heures du matin au beau milieu du salon, qui claque des doigts et me fait rire. N’empêche, arriver encore à faire rire sa compagne après 15 ans de vie commune, il est fort mon gars !!!

   Il s’est assis mais continue de danser, se contorsionne et bat la mesure avec le pied. 30 ans de guitare ça laisse des traces.

   Je le laisse finir sa danse et lui propose un passage sous la couette. S’il pouvait se rendormir, ne serait-ce qu’une petite heure, histoire de trouver le temps un peu moins long… il accepte sans difficultés et s’endort instantanément.

   Je me suis resservi un café, me suis assise à mon bureau et j’ai commencé à écrire. Avec tout ça, je n’ai pas eu le temps de m’habiller, je suis encore en tee-shirt et vous savez quoi ?


J’AI FROID !!!!

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