26 avril 2015

Tomber encore, se relever toujours



 


Il a baissé les bras, moi pas. C’est mon rôle de ne pas baisser les bras, de les garder forts, serrés autours de lui. Pour le protéger des autres, le protéger de lui aussi.


Tomber encore, se relever toujours

Il s’est relevé. Il a recommencé à rire et à danser. Doucement, prudemment. Il se plaint encore un peu, pour la forme, pas perdre l’habitude. Mais il ne pleure plus.

Tomber encore, se relever toujours

Pour les soins il faut l’apprivoiser, et recommencer. Lui demander si on peut, et puis recommencer. Lui expliquer ce qu’on allait faire, et puis recommencer. S’assurer qu’il comprenait, qu’il adhérait, qu’il coopérerait et puis le lendemain… recommencer

Tomber encore, se relever toujours

On s’est organisé autrement, on s’est recentré sur nous. On n’a écouté personne. On a éteint la télé. On a mis la musique. On a supprimé les mots, les paroles. On a écouté nos instincts, la parole des corps.




Tomber encore, se relever toujours

On a traversé cette crise, comme les précédentes, comme les suivantes. Magellan a passé son cap sans boussole, sans instrument, à l’instinct, sa rage de vivre chevillée au corps, tendu, à l’écoute, à son écoute. Je savais que la colère serait mon moteur, je ne savais pas que ce serait aussi le sien. 

Tomber encore, se relever toujours

C’est le calme après la tempête. Le calme au milieu du chaos. Les ruines sont encore fumantes, on avance doucement. Il  va falloir réparer ce qui peut l’être encore, jeter le reste sans états d’âme et rebâtir encore, plus solide, plus fort

Tomber encore, se relever toujours

On a pansé nos plaies, on attend qu’elles se referment. C’est le repos des guerriers. Les corps sont endoloris, il nous faut les ménager. La vie n’est pas un long fleuve tranquille en Hortensie, on vient de traverser les rapides, l’arrivée en eaux plus calmes est la bienvenue. Je ne peux éviter les chutes, juste éviter qu’elles ne  fassent trop mal.

Se relever encore et toujours parce qu’il n’y a que ça à faire, parce que c’est trop froid par terre. Se relever et y croire encore, parce qu’aujourd’hui il fait beau, parce que les oiseaux chantent, parce que c’est un jour pair, parce que le facteur avait des chaussettes bleues ou parce que le chat n’a pas passé sa patte derrière l’oreille. Se relever toujours parce que quand on veut y croire on s’attache à n’importe quel signe.

Se relever jusqu’à la prochaine tempête, jusqu’au prochain ouragan, celui qui nous fera dire que cette fois ci, on n’en peut plus, que ce sera le dernier, qu’on ne s’en relèvera pas… et puis on s’en relèvera, encore une fois parce qu’il n’y a que ça à faire, parce que c'est la vie et que décidément c’est trop froid par terre…






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