L’hiver
dernier, je regardais les multiples reportages relatant les dégâts de l’érosion
sur nos côtes. Rien ni personne ne sera plus fort que la mer quand les nuits de
tempête elle grignote des bouts de terre. Parfois même, à l’occasion de forts
coefficients, ce sont des pans entiers de terrains qui sont engloutis, emportant
maisons et constructions que l’humain, dans un excès d’optimisme avait eu l’audace
de poser là.
Chez
Majesté, c’est pareil. Par périodes, ce sont des pans entiers qui s’effondrent,
engloutissant ce que j’avais patiemment retricoté dans un excès d’audace et d’optimisme.
Hortense est gourmande. Parfois elle grignote gentiment mais parfois elle
dévore à grandes bouchées voraces. Aucune digue ne saurait contenir son
insatiable appétit. Alors, inlassablement je reconstruis plus loin, plus
solide, jusqu’à la prochaine tempête. Quelques petits mots, un geste ou deux. C’est
un combat perdu d’avance et j’en suis consciente mais ces petits mots sont
autant d’amarres qui le rattachent à l’humain qu’il est encore.
Maintenir à tout prix les visites des amis et de la
famille, l’aide à rester l’être sociable qu’il a toujours été, c’est amusant
comme Hortense se fait discrète en présence d’invités. Et puis cela nous permet
d’anticiper sur ces visites. Se remémorer qui vient, regarder des photos pour
faire le lien entre un prénom et un visage, remettre du sens sur tout cela,
préparer un gâteau, insister sur le fait qu’il doit rester habillé, lui demander
de faire cet effort, pour la personne qui va venir. Apprendre, réapprendre à se
contenir, anticiper sur ce plaisir de revoir cet ami, perdu de vue depuis de
longs mois, tout cela peut nous occuper quelques heures et éloigne Hortense,
elle qui n’aime pas les visites.
Alors, forcément, quand au dernier moment cette visite s’annule, quand un ami nous oublie, quand on nous pose un lapin, quelle déception !!! Ce n’est pas seulement la déception d’un rendez-vous non-honoré, un ami qui ne viendra pas, chez lui, c’est un tsunami émotionnel. Hortense n’aime pas attendre, n’aime pas quand on nous oublie, Hortense a horreur du vide que crée l’absence. Et cette semaine ce sont 3 lapins qu’on nous a royalement posés (je vais pouvoir monter un élevage) et Hortense nous a mis les bouchées doubles avec démontage de lit et lancers rageurs d’oreillers en prime. C’est tempête sous un crâne, pas le petit orage d’été (pour ceux qui suivent) non, la grosse tempête hivernale, brutale, violente et qui dure longtemps. Et ce sont autant d’arpents de connaissances et de comportement adapté qui sont avalés d’un coup, avec comme seule consolation un gâteau entier dévoré à deux. Le lendemain matin, le réveil est douloureux, dans les ruines de la veille. Tiens il a perdu deux mots, bégaye un peu, ne sait plus faire ceci ou cela, me suit partout dans la maison, crie plus facilement, je le sens plus perdu que jamais, incapable de rester en place, demandant sans arrêt quelque chose qu’il a oublié la seconde d’après. Tout ça à cause de la négligence de certains, de promesses non tenues, ou peut-être de ma grande naïveté qui me fait croire encore et toujours quand on me dit : « promis, je passe demain ».
Allez,
demain est un autre jour et je sens qu’ils m’ont donné du pain sur la planche, avec
un peu de chance je vais en avoir pour la semaine…
Pour les impatientes qui attendaient un nouveau
billet, vous n’avez qu’à vous en prendre aux lapins, ils me donnent du fil à
retordre en ce moment....
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